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Mon amie, Fainéantine

Un conte écrit par Alina Nelega, traduit par Iulia Tudos Codreanca, illustré par Liviu Boar

Il était une fois un matin où mon amie Fainéantine refusa tout simplement d’aller ni  l’école. Sa mère la supplia en vain :

- Fainéantine, il est sept heures, je t’ai préparé ta brosse et ton dentifrice, viens donc te laver ! Fainéantine s’étira et bailla.

- Fainéantine, lève-toi, il est sept heures et dix minutes, ton thé et ton pain beurré sont prêts ! Fainéantine grogna.

- Fainéantine, il est sept heures et quart, il faut que tu te dépêches… Fainéantine, est-ce que tu as préparé ton cartable ?

- Je n’irai plus jamais ni  l’école. Voilí , c’est c’air ! Je veux dormiiir ! Et elle se tourna de l’autre côté et se mit aussitôt ni  ronfler doucement. Mais ce n’était pas gagné, car même si Fainéantine ne voulait pas aller ni  l’école, ses pieds, eux, avaient hâte d’y aller. Alors ils se mirent ni  la secouer :

- Fainéantine, Fainéantine, il est sept heures vingt, viens, allons ni  l’école… Fainéantine, nous sommes prêts ! Allez, descends du lit !

- Non, je ne vais nulle part ! Je veux dormir ! Allez-y, si vous voulez, moi, je reste ici.

Alors les pieds partirent tout seuls pour l’école, pendant que Fainéantine continuait ni  dormir. Mais peu de temps après, les mains de Fainéantine commencèrent, elles aussi, ni  la secouer :

- Fainéantine, Fainéantine, viens donc ! Il est sept heures vingt-cinq, allons ni  l’école ! Nous nous ennuyons ni  la maison, emmène-nous ni  l’école, Fainéantine ! Allez, Fainéantine, debout !

- Je n’y pense même pas. Allez-y si vous voulez. Moi, tout ce que je veux, c’est dormir !

Et les mains se dépêchèrent d’aller ni  l’école, pour ne pas être en retard, car c’est bien connu, les mains, ça marche moins vite que les pieds. Et pendant ce temps, Fainéantine dormait sans se soucier du fait que ses pieds et ses mains soient partis ni  l’école tout seuls. Peu de temps après, l’estomac de Fainéantine se mit ni  crier !

- Fainéantine, remue-toi, enfin ! Il est sept heures et demie… j’ai faim et je veux faire de l’exercice ! Emmène-moi ni  l’école, sinon j’y vais tout seul !

- Oh-la-la, quel boucan ! Mais vas-y donc, et laisse-moi dormir !

Et l’estomac, après avoir boulotté le pain beurré et le thé, s’en alla en rouspétant et en se faufilant pour ne pas être vu et faire peur ni  quelqulun, car un estomac qui vadrouille comme bon lui semble dans les rues, ce n’est pas vraiment un spectacle courant pour les enfants sages qui ne sont pas en retard ni  la première heure. Pendant ce temps, Fainéantine dormait sans soucis, mais aussi sans pieds, sans mains et sans estomac.

Elle s’en moquait pas mal, mais tout ni  coup, ses oreilles se mirent ni  crier, ni  crier très fort, car c’est ainsi que crient les oreilles d’habitude :

- Fainéantine, il est huit heures moins vingt-cinq ! Tu vas te lever… ou quoi ? Tu veux être en retard ni  l’école ? Fainéantine, hé, Fainéantine ! Hé, tu es sourde ?

- Tu sais quoi ! J’en ai assez de vous ! Allez-vous-en tous et laissez-moi tranquille ! Je veux dormir en sileeence !

Effrayées, les oreilles s’enfuirent vers l’école, avec leurs boucles d’oreilles et Fainéantine continua ni  dormir ainsi, sans pieds, sans mains, sans estomac et sans oreilles… Elle dormait comme une souche. Après un court moment, la langue aussi se mit ni  s’agiter. Elle ne savait pas trop comment aller ni  l’école et avait peur de prendre une décision toute seule, alors elle essaya, pour commencer, de réveiller Fainéantine.

- Fainéantine ! Hé, Fainéantine, il est huit heures moins vingt…Fainéantine !

Mais comme Fainéantine n’avait plus d’oreilles, elle ne pouvait plus l’entendre, alors la langue se donna du courage et s’en alla aussi, la laissant dormir comme une bienheureuse. Qulest-ce que ça pouvait lui faire, puisqulelle n’avait plus ni pieds, ni mains, ni estomac, ni oreilles ? Elle n’avait évidement plus besoin de langue…

Peu de temps après, les cheveux de Fainéantine se mirent ni  faire le tour de sa tête. Ils virent que les oreilles étaient parties et il eurent envie de s’en aller aussi. Ils se demandèrent comment réveiller Fainéantine et il leur vint l’idée de tirer. Ils tirèrent d’un côté, tirèrent de l’autre, puis vers le haut, puis vers le bas, ils se démenèrent un bon moment, mais Fainéantine ne se réveilla pas. Alors les cheveux n’eurent plus le choix et ils partirent ni  la hâte vers l’école, en flottant doucement sur le souffle du vent.

A leurs côtés volait – un peu plus difficilement, c’est vrai, mais vaillamment, en essayant de tenir la cadence, le cerveau de Fainéantine. Qui s’inquiétait, lui aussi, d’être en retard ni  l’école. Ils arrivèrent ni  huit heures tapantes, haletants et transpirants, et se précipitèrent dans le troisième pupitre de la première rangée, sur la place de droite, où se trouvaient déjí  les pieds, les mains, l’estomac, les oreilles et la langue

Monsieur l’instituteur n’allait pas tarder ni  arriver et ils étaient soucieux, car ils ne voulaient pas que celui-ci s’aperçoive que Fainéantine n’était pas lí . 
A huit heures pile, la porte s’ouvrit doucement et toute la c’asse se tut. Les enfants se levèrent et virent entrer…

- Fainéantine !

- Je vous ai trouvés ! Vous êtes encore une fois venus ni  l’école sans moi ! Honte ni  vous, c’est très mal ce que vous avez fait ! A cause de vous j’ai failli être en retard ! Vous n’avez pas idée combien c’est difficile d’arriver ni  la première heure sans pieds, mains, estomac, oreilles, langue, cheveux et cerveau. J’espère que vous avez très honte !

Mais les pieds, les mains, l’estomac, les oreilles, la langue, les cheveux et le cerveau n’eurent pas le temps de dire quoi que ce soit, ni d’avoir trop honte, car la porte s’ouvrit et cette fois-ci, c’était justement monsieur l’instituteur. Et Fainéantine eut ni  peine le temps de s’asseoir vite-fait dans son pupitre.

Clest comme ça qu’ils s’en sortirent tous sans problèmes. Et ce fut la dernière fois que cela se passa de cette façon-lí . Je vous jure, les enfants, que depuis ce jour, les pieds, les mains, l’estomac, les oreilles, la langue, les cheveux et le cerveau de Fainéantine ne sont plus jamais partis tout seuls ni  l’école, sans Fainéantine, mon amie.