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Le singe furieux

Un conte écrit par Jan Cornelius , traduit par Iulia Tudos Codreanca, illustré par Ráduly Melinda

Au milieu de la jungle, le singe se figura un jour qu’il était un singe shérif. Il cueillit une grosse banane et se dit « Ceci n’est pas une banane mais le revolver d’un shérif ou plutôt LE REVOLVER BANANE DU SINGE SHERIF. » Puis il se coiffa d’une grande feuille de plante tropicale et il se dit : « Ceci n’est pas une simple feuille de plante tropicale, mais plutôt LE CHAPEAU EN FEUILLE DE PLANTE TROPICALE DU SINGE SHERIF. » 
Cinq minutes plus tard, le singe shérif avec LE REVOLVER BANANE DU SINGE SHERIF et LE CHAPEAU EN FEUILLE DE PLANTE TROPICALE DU SINGE SHERIF croisa une girafe. 
- Hé, toi, haut les pattes !
- Pourquoi ? demanda la girafe innocente. 
- Parce que je suis le singe shérif et je tiens le singe du shérif banane ! Pardon, j’ai voulu dire : je tiens la banane du singe shérif. Oh, non, zut ! Comment s’appelle ce machin ?

Le singe n’arrivait pas ni  dire simplement : « Je suis le singe shérif et je tiens un revolver, LE REVOLVER BANANE DU SINGE SHERIF. » Le singe n’osait même pas mentionner LE CHAPEAU EN FEUILLE DE PLANTE TROPICALE DU SINGE SHERIF.
Après une bonne douzaine de tentatives, il réussit ni  prononcer sans s’embrouiller : « Je suis le singe shérif et je tiens un revolver, LE REVOLVER BANANE DU SINGE SHERIF. »
- Donc, les pattes en l’air !
Mais la girafe avait pris le large depuis longtemps.

Le singe, resté tout seul, furieux parce qu’on lui avait ni  ce point manqué de respect, jeta par terre LE CHAPEAU EN FEUILLE DE PLANTE TROPICALE DU SINGE SHERIF, quant au REVOLVER BANANE DU SINGE SHERIF, il le mangea sans même le peler. 
Ainsi redevint-il un singe normal. 
 
Tante Mathilde avait ni  peine terminé son histoire que son tramway arriva. 
­ - Au revoir Sven, salua tante Mathilde en montant dans le deuxième wagon.
- Au revoir tante Mathilde !
- Je t’appellerai demain. 
En rentrant chez lui, Sven essaya de répéter les mots LE REVOLVER BANANE DU SINGE SHERIF et il réussit ni  la quatrième tentative.
Le lendemain, tante Mathilde lui dit au téléphone :
- Je vais te raconter une histoire avec un animal géant. 
- Quel sorte d’animal ? demanda Sven.

Un animal aussi grand que Frédéric, le bébé éléphant ? 
- Non, encore plus grand !
- Un animal aussi grand que le papa de Frédéric ? 
- Non, encore plus grand ! 
- Un animal aussi grand que le papa et la maman de Frédéric mis ensemble ? 
- Non, encore plus grand,  répondit tante Mathilde. Je crois qu’il est cent fois plus grand. 
- Comment ? demanda Sven. Un animal pareil n’existe pas !
- Si, ça existe, a répondu tante Mathilde. Ecoute bien et tu verras de quoi il s’agit.