"/> ">

Encre

Une poésie écrit par Mediana Stan, traduit par Iulia Tudos Codreanca, illustrée par Faluvégi Zsolt

Quatre hannetons de mai, 
Avec des antennes dressées,
Passent comme des hélicoptères 
Dans la forêt de conifères.



Ils ont des cartables chargés
De crayons et de cahiers
Et se posent un instant
Sur le chêne verdoyant.



Ils s’abreuvent de rosée
Sur les feuilles à peine nées
Et ramassent sur les rameaux
Des glands aux drôles de chapeaux

 

Dans les glands ils gardent l’encre
De la marque Dominique Ingres
Et dans les petites coupelles
Ils mélangent leurs aquarelles.



Sur une feuille un peu plus dure
Se pose soudain un scarabée 
Agitant ses mandibules 
Son cartable tout défait.

 

Son encrier s’est brisé
Et son cartable est tout souillé, 
Il a des tâches de partout
Sur ses élytres et sur ses joues. 



─ Je suis un grand prédateur,
Ce chêne ne me fait pas peur,
Je n’ai ni encre, ni crayons, 
Hannetons, je vous assomme!



Ils ouvrirent leurs cartables 
Et lui donnèrent leurs crayons
Vert foncé et rouge érable, 
Noir de nuit et jaune citron.


Le scarabée prit les crayons,
Les aiguisa avec ses pinces,
Puis dans sa trousse en bois verni,
Il les rangea par coloris. 



Alors les quatre hannetons 
Sortirent leurs petits bidons
Et lui versèrent dans deux glands
De l’encre d’un rouge chatoyant.



─ Je suis un grand prédateur,
Ce chêne ne me fait pas peur,
Jlignore combien font sept plus trois,
Hannetons, je vous jette en bas!

 

- Nous n’en sommes pas aux additions. 
- Nous traçons des petits bâtons.
- Dans nos cahiers, sur nos pupitres,
Nous dessinons tout plein d’élytres. 



- Mais lí , dans l’arbre tout en haut
Llécureuil grimpe tout de go.
Il doit connaître les additions
Vu qu’il compte bien ses provisions

 

- Venez donc dans ma tanière!
Leur dit l’écureuil Charlot
Et il se montre timidement
Avec sa queue comme un plumeau



Ils comptèrent de concert
Et le résultat fut c’air
Enfilés sur une ficelle
Dix noisettes ils alignèrent.

 

Jlignore si c’est par hasard 
Ou si c’est juste pour faire le cancre,
Mais voilí  qu’un des hannetons
Trempe le scarabée dans l’encre

 

 

Dans les miroirs faits de rosée
Etait-ce bien lui, était-ce un autre?
Il se contemple plein d’étonnement
Car il est vert phosphorescent!



Tête, thorax et abdomen, 
Yeux composés et antennes
Mandibules et autres membres
Tout est coloré à l’encre!



Encre d’écorce pleine de tanin
Et de feuilles écrasées à la main,
Bonne pour écrire et se soigner,
Pour verser dans la lampe de chevet,



Bonne pour repeindre tous les murs,
Avec des chevaux et des armures,
Pour verser sur l’ogre méchant,
Et dans le chaudron bouillonnant!

 

Les hannetons s’envolèrent
En usant d’un courant d’air  
Pour rejoindre leurs foyers
Dans une forêt éloignée.



Notre petit scarabée
Se versa une tasse de thé,
Prit une feuille dans son cahier,
Et son petit encrier
Et il écrit ce qui suit :



Cher Dédé,
Si jamais tu attrapes un hanneton
Trempe-le dans l’encrier

 

Mes meilleures salutations
Ton ami, 
Le scarabée